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| | Les carnets de Silwenne. | |
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Auteur | Message |
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Silwenne Ethael Orateur déchaîné
| Sujet: Re: Les carnets de Silwenne. Ven 17 Jan - 23:12 | |
| - Digression a écrit:
- J’ouvris les yeux sur le Néan. Tout autour de moi n’était qu’obscurité, un espace de ténèbres et de Vide d’un noir absolu sans la moindre aspérité reflétant une lumière sans point d’origine. La lumière n’existait pas dans ce lieu. Je me sentais flotter dans ce Vide bien que je ne ressentais strictement rien, pas même mon propre corps, comme en apesanteur, mon âme flottant entre deux eaux. Au commencement était le Vide, l’absence de toute chose, le déni, et, soudain, une étincelle, un sentiment d’exister, d’être. Mais quoi ? A présent je pouvais voir mon corps, mais celui-ci était différent. Comme simplifié, fait de courbes sans détails, telle une poupée sommaire dénuée du moindre signe distinctif. A mesure que ma conscience s’éveillait, mes formes commencèrent à se sculpter comme l’on modèle une statuette dans de l’argile. A mon image ? Selon ma volonté ? Et la volonté de qui ? Qui suis-je ? Que suis-je au juste ?
Les ténèbres se constellèrent peu à peu de millier d’étoiles, de nébuleuses, de galaxies lointaines et pourtant familières, des mondes et des âmes semblables à la mienne si l’allumaient, s’embrasaient tels des phares dans la nuit. Quelque part dans cette bouillie était la Source. A moins que… non. J’étais précisément à la Source, le Creuset originel. Ma particule élémentaire était là, quelque part. Je devais tout faire pour la retrouver, même si je devais anéantir le monde et tout détruire pour cela. La destruction engendre la création. Annihiler jusqu’au plus petit atome pour tout recréer en mieux. Lorsque la copie est mauvaise, corrompue, gangrénée, il faut souvent amputer, tout brûler et repartir sur des bases saines.
Quelque chose attira mon attention au-dessus de moi. C’était une sphère, ou une bulle, faite d’Ombre pure et nimbée de volutes pourpres qui parcouraient sa surface à la manière de vagues ou de courants électriques. Elle était magnifique. Elle n’avait ni visage ni yeux, mais, je savais qu’elle me regardait avec une malveillance infinie, mais, je ne ressentais aucune peur. Etait-ce la Source ? Ou alors ma source ? La réponse m’échappait, mes souvenirs s’effaçaient de mon esprit, retenus en otage par une force invisible et toute puissante. Je n’avais pu qu’entrevoir au travers d’un rideau opaque dont j’aurai soulevé un pan sans autorisation.
- Shaïa ? Qu’est-ce que tu fous ?
Cassidy me fixait avec un air inquiet sur le visage. Ses formes exquises mises en valeur dans une robe de soirée au décolleté pigeonnant, divinement échancrée et fendue laissant voir le galbe de ses jambes.
— C’est l’heure, tout le monde t’attend, me dit-elle en me tendant la main. — Cass’ ? C’est toi ? — Evidemment que c’est moi ? Tu attendais quelqu’un d’autre, peut-être ? — Je… je ne sais pas.
Elle fit quelques pas pour s’arrêter devant moi.
— Il est encore temps de tout arrêter, si tu veux. Choisis-moi à sa place et tu ne le regretteras pas, me dit-elle avec un sourire plein de sous-entendus offrants mille promesses. Allez, viens, reprit-elle en saisissant ma main alors que je n’avais pas répondu à son offre.
Une double porte s’ouvrit dans un mur qui n’existait pas et une lumière aveuglante me frappa, me forçant à fermer les yeux. Lorsque je les rouvris, je me trouvais dans une clairière tapissée d’herbe verte et de pâquerettes, c’était le printemps et il faisait bon. Je ne reconnaissais pas l’endroit. Peut-être Orneval ou Reflet-de-Lune ? Plus loin, sous un kiosque Elfique, je pouvais distinguer deux silhouettes se détacher de dos. Alors que je tournais de nouveau la tête vers Cassidy, je constatais qu’il s’agissait en fait de Bryndell qui me souriait et me tenait toujours la main en me guidant vers le kiosque en suivant un sentier. Même rousse, autre femme, me dis-je. Mais, pourquoi m’avait-elle appelée Shaïa ?
— Tu te sens prête, demanda Bryndelle ? — Plus que jamais. — Alors en piste, dit-elle avec un bref hochement de la tête. — Pourquoi veux-tu que je te choisisse à sa place ? — Ce n’est pas ce que j’ai dit, ne rêve pas ! Ca te ferait trop plaisir !
Encore ces hallucinations. Pas de doute, c’était bien la rouquine. Alors que nous avancions, je pouvais apercevoir des personnes assises en train d’attendre sur des bancs en rang et, tandis que nous les dépassions, je me rendis compte qu’aucun d’entre d’eux n’avait de visage et que leurs yeux étaient deux trous noirs d’ombre crépitante. Bryndelle me mena jusqu’au kiosque et ne lâcha ma main que pour la mettre dans celle de Kyreen, vêtue d’une somptueuse robe de mariée en dentelle d’un blanc immaculé qui laissait deviner qu’elle ne portait strictement rien en dessous. L’autre forme n’avait pas de visage non plus, mais je sentais l’Ombre qui émanait d’elle, une Ombre que je connaissais sous le nom d’Eldara.
— Parfait, nous allons pouvoir commencer, dit Eldara dont le visage commençait à apparaitre. Avez-vous les alliances ? — Je les ais ! Emmy apparut de nulle part en portant un petit coussin de velours noir sur lequel étaient disposés deux anneaux scintillants. Elle me regardait avec ses yeux luisants en me souriant avec un air amusé.
— Tu sembles surprise de me voir, Min’da. Tu devrais savoir que je n’aurai raté ça pour rien au monde ! — Ouais, je me doutais bien que tu n’étais pas loin. — Je ne suis jamais loin de toi...
Melan et Nicole se levèrent de l’assistance et s’avancèrent. Sans doute étaient-ils les témoins. Le guerrier avait revêtu le smoking que je lui avais conçu et arborait une épée Kaldorei de cérémonie au tranchant incomparable et finement ornée à la ceinture. Tous deux se postèrent de part et d’autre de Kyreen et moi-même, attendant sagement la suite. Eldara officia, commençant pas un sermons de rigueur bien que sobre et sans les prêchi-prêcha habituels sur la lumière et toutes ces conneries, pour finir sur la question fatidique qu’elle posa en premier à celle qui n’était encore que ma compagne : « Voulez-vous prendre cette femme pour épouse ? »
Kyreen me fixa un moment, silencieuse. L’attente me sembla interminable et je commençais à vraiment m’inquiéter. Avait-elle des doutes ?
— Je le veux, dit-elle enfin, mais, avec une voix d’outre-tombe que j’espérais bien ne plus jamais entendre. — Toi, dégage, sac à merde, dis-je en essayant de contenir ma colère et mon indignation !
De quel droit intervenait-il ? Cette raclure de Thal’kiel était en train de gâcher le moment sans doute le plus important de toute ma vie !
— Je ne te laisserai pas faire, elle m’appartient… — Nous avions un accord, alors fous-nous la paix et retourne jouer à touche pipi avec Sargeras !
Kyreen laissa éclater un rire mauvais alors que ses yeux devenaient mauves.
— Parce que tu as vraiment cru que j’allais le respecter ? Pauvre sotte… tu es tellement naïve, ça me ferait presque pitié. J’ai simplement gagné du temps. Tu m’as laissé faire ma besogne comme je le souhaitais et, à présent, son âme est à moi et à la Légion. Tu peux bien geindre autant que tu le voudras, jamais tu ne pourras plus la sauver désormais. Elle est damnée pour l’éternité.
Je sentais les larmes me monter aux yeux aussi sûrement que ma rage grandissait contre cet être malfaisant. Visiblement, il ignorait encore beaucoup de choses sur elle, sur moi, sur nous. Ma détermination devrait être sans faille, jamais je ne le laisserais mettre ses plans à exécutions, quand bien même tout semblait perdu… et j’avais une dernière carte à jouer, un coup auquel il ne s’attendrait pas.
Je laissais un soupir s’échapper alors que je pouvais sentir des larmes rouler sur mes joues. Alors, je lui tournais le dos, me retrouvant face à Nicole et à Melan qui ne semblait pas réaliser le drame qui était en train de se jouer. Je baissais la tête afin que le parasite ne puisse pas se délecter de me voir brisée.
— C’est bon, tu as gagné, dis-je sans me retourner… laisse-moi au moins lui dire adieu ? — Soit…
C’était la réponse que j’espérais. Kyreen était toujours là et il voulait me faire croire le contraire. Je fis un discret signe de tête à Nicole qui lança le sort qu’elle gardait en réserve afin de pouvoir le lancer instantanément : l’asservissement des démons. Comme je m’y attendais, Thal’kiel était devenu bien trop puissant pour que l’on puisse en prendre le contrôle, mais le sort eut pour effet attendu de le lier au corps physique de Kyreen pendant le temps qu’il agirait. Un temps qui allait sans doute être très court. C’était aussi le signe que Mélan attendait. Dans un geste précis du pouce, il fit sortir la lame de l’épée de son fourreau de quelques centimètres, juste assez pour gagner quelques précieuses fractions de seconde. Sans perdre un instant, je saisis fermement la poignée de l’arme dans un mouvement aussi rapide que fluide, sortant la lame tout en tournant sur moi-même en dépliant le bras… pour décapiter Kyreen. Je n’oublierai jamais l’expression de surprise et d’incrédulité sur son visage, mais, ce n’était déjà plus elle qui avait cette expression, c’était lui. Surprise, fils de pute !
Sa tête se détacha de son corps dans une gerbe de sang, tomba dans l’herbe douce et la mousse et roula quelques secondes avant de s’immobiliser. Un gémissement s’éleva de l’assistance tandis que je retenais le corps sans vie de ma bien-aimée avant qu’il ne tombe, la serrant dans mes bras en tremblant. Tous mes complices avaient joué leur rôle à la perfection.
— Sil’ il faut agir vite. Est-ce que tu l’as apportée, me demanda Eldara ? — Bien sûr… Elle ne me quitte presque jamais.
Déposant l’épée et le corps de Kyreen alors Bryndelle apportait la tête pour la replacer avec soin, je sortis d’une poche un objet en forme d’ogive se terminant à sa base par une tige épaisse surmontée d’un joyau.
— Sil’, ne me dit pas que… c’est bien ce que je pense, me demanda Nicole avec un petit sourire ? — Absoluement. — Toi alors, dit-elle en secouant la tête. — Je n’ai pas trouvé mieux comme cachette… — C’est sur, qui irait chercher une pierre d’âme dans un endroit pareil ! | |
| | | Silwenne Ethael Orateur déchaîné
| Sujet: Re: Les carnets de Silwenne. Mar 21 Jan - 18:51 | |
| - En Thalassien a écrit:
- Stormwind, le 2 de pluviôse
Hier, journée de rêve à Tanaris avec Kyreen. Baignade, grillades, bières fraîches, soleil, plage de sable fin et, bien sûr, SEXE ! J’ai fait en sorte de lui faire de l’Ombre pour qu’elle ne crame pas avec sa peau de rouquine. Moi, j’ai la peau d’une brune, je prends bien le soleil et je bronze facilement. Nous avons passé la nuit sur place, à la belle étoile, bercées par le bruit des vagues.
Melan m’a demandé d’être son témoin de mariage. C’te bonne blague ! Mais non, il était séreux. Ma première envie a été de l’envoyer chier. C’est vrai, quoi ! Il n’a pas de meilleur ami à qui demander ça ? Je ne suis rien, moi, personne d’attachant ou d’important pour lui. L’impression qu’il se dévoue pour me le demander comme on octroie un lot de consolation après que Lyz ait choisi Bryndell est forte, très forte ! Mais bon, qui sait ? Peut-être qu’elle aussi l’écoute chouiner pendant des heures et la réconforte (et l’accompagne) quand elle se bourre la tronche parce que son mâle dominé lui manque trop ? Peut-être ? On ne sait pas ! Bref, je m’en fous.
Et puis je me suis souvenue de ce qu’il m’avait dit en aparté à ma soirée d’anniversaire. Ca avait peut-être du sens, après tout. Il n’empêche que, j’en ai parlé un peu avec Bryn une fois le couple parti. Ô ! Surprise : nous sommes diamétralement opposées sur la façon de choisir un témoin pour un évènement aussi important que celui-ci. Elle privilégie le côté pratique au détriment des sentiments et des liens qu’on peut avoir avec quelqu’un. Mais c’est un témoin qu’ils cherchent, pas un employé ! Ce n’est pas un recrutement basé sur des compétences, bordel ! Heureusement qu’elle est mignonne, c’est déjà ça, parce que pour le reste...
Tout ça m’a bien refroidi sur le concept même de mariage, je ne vois plus trop l’intérêt de faire une telle cérémonie dans ces conditions de froids calculs à se demander si telle personne est plus qualifiée qu’une autre là où, justement, le sentimental devrait être la règle d’or pour un évènement censés être la consécration de l’amour. Mon cul, ouais ! | |
| | | Silwenne Ethael Orateur déchaîné
| Sujet: Re: Les carnets de Silwenne. Jeu 23 Jan - 2:18 | |
| - Citation :
Souviens-toi. Souviens-toi Du doux parfum de l’eau, Le silence qu’éclabousse Le soleil sur la mousse, La neige rouge sous ta peau.
Souviens-toi Le chant gris des nuages, L’odeur verte du fruit mûr, La tendresse de l’ombrage Et la pluie qui murmure.
Souviens-toi De ces froids matins bleus, De mes mains sans mobile, La rosée immobile Sur un pâle reflet creux.
Souviens-toi La douleur étouffante, De mon cri dans ta bouche Quand c’est toi qui me touches De ton amour infante.
Souviens-toi Du goût blanc du métal, De la peur et du sang, De ta vie qui s’étale En l’espace d’un instant.
Souviens-toi Des torpeurs de l'extase, Et de cette petite phrase Qui fait battre le cœur, Ou mourir de bonheur.
Souviens-toi A quel point je t'aimais Lorsque l'on s'enlaçait, Ce même si je m'en vais Alors que tu dormais.
Souviens-toi Du poison dans ton corps Quand tu me cries « Encore ! » Que la raison abdique Dans des rêves chimériques
Souvient-en Temps que nos voix cessent Tant que la paraisse N’ait raison des mots vrais, Les éteignent à jamais.
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| | | Silwenne Ethael Orateur déchaîné
| Sujet: Re: Les carnets de Silwenne. Sam 25 Jan - 18:04 | |
| - Citation :
- Je m’étais enfin décidée à me rendre dans ce ghetto qu’est le quartier chic de la ville afin de faire le portrait de la riche fille à papa rencontrée plusieurs mois auparavant. J’avais déjà bien trop tardé. Peut-être même avait-elle changé d’avis ou trouvé quelqu’un d’autre ? D’un autre côté, selon ses propres dires, elle voulait un artiste original, non conventionnel, et je pensais correspondre parfaitement à ses attentes. Je pouvais bien me faire désirer un peu, créer l’impatience, la rareté, être excentrique. Je n’avais aucune idée de l’adresse exacte et je n’avais pour seule information que le fait de devoir chercher un hôtel particulier. Problème : ce n’était pas ce qu’il manquait dans le quartier ! Cela faisait un moment que je tournais en rond dans les rues en portant mon matériel de peinture en espérant tomber sur elle ou trouver un indice. Le soleil s’était couché depuis longtemps lorsque j’aperçus deux gorilles en smoking, petites têtes et gros muscles, gardant une porte noire en métal au fond d’une allée longeant un jardinet de ville bordé de buis taillés avec précision. Me voyant hésiter, l’un d’eux me fit signe d’approcher. Ils me scrutaient de la tête aux pieds d’un regard entre le bovin et le soupçonneux, encombrée que j’étais par tout mon attirail.
— Bonsoir, messieurs, dis-je avec un sourire commercial. Peut-être pouvez-vous m’aider. Je suis à la recherche... — Vous devez-être l’artiste, me coupa-t-il d’une voix de baryton. — T’as l’œil, toi ! Un œil vif ! Un œil d’aigle ! J’aime ça !
J’essayais le ton de l’humour moqueur, du sarcasme cher à mon cœur, mais ce fut un bide.
— Vous êtes en retard, Madame vous attend, grogna-t-il. — Ah bon ? Elle m’attend…
J’étais franchement surprise, car nous étions convenues de cette entrevue depuis longtemps, mais nous n’avions pas stipulé de date. Est-ce qu’elle me faisait surveiller ou bien était-elle si impatiente de ma visite qu’elle guettait à sa fenêtre toute la journée en soupirant de me voir arriver pour la sauver de sa cage dorée et que je l’enlève sur mon blanc destrier ? L’autre costaud au crâne rasé cogna du poing contre le métal qui résonna. La trappe de la porte coulissa pour laisser apparaître un regard furtif avant de se refermer dans un claquement. Il y eut un bruit de verrous et la porte s’ouvrit. Au moment de franchir le seuil, je me faisais la réflexion que ces riches étaient vraiment parano.
Il s’agissait vraisemblablement de l’entrée de service. Deux valets en livrée m’attendaient.
— Permettez que je vous débarrasse, me dit l’un d’eux alors que la porte se refermait derrière moi.
Je lui confiais mes lourdes affaires de peinture, toiles et chevalet avec la plus grande joie de me débarrasser de ce poids et le second m’invita à la suivre dans une enfilade de petites pièces et de couloirs étroits réservés aux domestiques, jusqu’à une salle de bain plutôt bien décorée. Le bac était déjà rempli d’eau fumante, propre et parfumée. Une pile de serviettes éponges blanche étaient posées sur une chaise et, près du lavabo, je pouvais voir une rangée d’eaux de toilette de luxe, deux brosses à cheveux, un rasoir et du savon à raser. De toute évidence, c’était une salle de bain réservée à des invités. On ne devait pas traiter les domestiques aussi bien.
— Madame vous recevra dans un moment. En attendant, vous êtes cordialement invitée à vous décrasser. — Dis tout de suite que je pue ? — Sans aller jusque là… Disons que votre odeur de cheval, de transpiration, de tabac et d’alcool pourrait incommoder les invités. — Ouais, donc, je pue. Attends… quels invités ?
Il me sourit et referma la porte.
Bon… Puisque j’étais là, autant en profiter pour prendre un bain aux frais de la princesse. Je me suis déshabillée en laissant mes vêtements en tas n’importe comment à même le sol avant d’enjamber le bac. L’eau était à une température idéale, presque brûlante. C’était très relaxant. Après quelques minutes à faire trempette et à me savonner, la porte se rouvrit après deux coups brefs. Une servante entra, elle devait être âgée d’à peine seize ans, avec des cheveux châtains, le regard baissé, l’air penaud, et ramassa mes vêtements sales.
— Hey ! Mais ! Mes fringues ! — Ordres de Madame, pour les laver, me dit-elle en évitant de me regarder.
Avant même que j’eus le temps de protester davantage, elle était repartie. « Me voilà bien, pensais-je. J’espère qu’elle va revenir avec un change, sinon, je m’en fous, j’y vais à poil ! »
Je ne sortis du bain qu’après vingt bonnes minutes à en profiter en me prélassant, jusqu’à ce que l’eau commence à refroidir. C’est alors que je me séchais que la servante refit son apparition, se glissant dans la salle d’eau en entrouvrant la porte juste assez pour s’y faufiler. Que je sois nue ne semblait pas lui poser le moindre problème.
— Tu pourrais quand même frapper et attendre que je te dise d’entrer ! — Je suis désolée, Madame m’a demandé de m’assurer que vous ne manquiez de rien. — Bin… des fringues, déjà !
Elle ouvrit un placard dissimulé dans un mur et me tendit une sorte de sortie de bain ou de déshabillé en soie rouge de grande qualité suspendu à un cintre.
— Vous pouvez mettre ceci, le temps que vos vêtements soient secs. — Quoi, ça ? Ce n’est pas un peu… léger ? — Ho, ne vous en faites pas, Madame ne vous en tiendra pas rigueur et toutes les cheminées fonctionnent à plein régime. — Mouais… Et après c’est moi l’originale… — Souhaitez-vous que je vous rase ou préférez-vous le faire vous-même ? — Me raser ? Tu trouves que ma barbe est trop longue, demandai-je en arquant un sourcil tout en passant la main sur mes joues évidemment imberbes ?
Je ne pus m’empêcher de sourire jusqu’à ce qu’elle m’explique.
— Vos jambes, les aisselles, le pubis, les grandes lèvres ? Partout où ce sera nécessaire. — Hein ? Mais non ! Laisse mes poils tranquilles et ramène-moi plutôt de vraies fringues, fissa !
La servante se confondit en excuses et courbettes avant de s’éclipser aussi vite qu’elle le pouvait non sans bousculer un autre serviteur qui passait dans le couloir au même moment.
— Putain, mais c’est quoi cette baraque ? Où est-ce que je suis tombée, encore ? Je dois être encore en plein délire, ce n’est pas possible autrement.
Je n’eus pas à attendre longtemps avant qu’on frappe de nouveau à la porte, mais je n’avais pas de nouvelle de la petite servante ni de mes vêtements.
— Entrez, dis-je après avoir ajusté les pans de mon déshabillé et resserré la ceinture. Un serviteur entra et s’inclina.
— Madame vous attend dans le grand salon. Si vous voulez bien vous donner la peine de me suivre. — Et mon matériel ? Je vais en avoir besoin. — Il vous attend aussi dans le grand salon, n’ayez-crainte.
Il ouvrit le chemin et me guida au travers d’un nouveau dédale d’étroits couloirs qui serpentaient entre les pièces du bâtiment afin que les employés puissent se déplacer sans être vu des invités et ne pas les importuner en imposant leur médiocrité au regard délicat des fortunés et « grands » d’Azeroth. Il s’arrêta devant une porte dans un mur et me fit face en me tendant un masque blanc rigide, orné de longues plumes noires, assez grand pour couvrir le haut du visage jusqu’à la lèvre supérieure, la bouche, ainsi que la mâchoire, restant visible.
— Mettez ça. — Pour quoi faire ? — Préserver votre anonymat. — En quoi pourrais-je bien avoir besoin de rester anonyme ? Je suis ici pour peindre, pas pour assassiner quelqu’un. En plus, je ne suis pas contre un peu de publicité chez les bourges. — Bien entendu, c’est pour peindre que vous êtes ici, mais vous pourriez vite changer d’avis… faites-moi confiance.
Il me fit un sourire énigmatique et ouvrit doucement la porte alors que je plaçais le masque sur mon visage. Je n’étais pas préparée au spectacle que je vis de l’autre côté.
La pièce principale était assez spacieuse, tapissée de tentures rouges. La lumière tamisée recréait une ambiance feutrée et intime des salons privés des grandes maisons closes. Dans un coin de la pièce trônait un piano à queue noir laqué sur lequel une Elfe était allongé, ne portant qu’un masque pour seul vêtement, se faisant prendre par un humain bodybuildé habillé, lui aussi, d’un unique masque, alors qu’un pianiste imperturbable jouait des airs pour tenter vainement de couvrir les gémissements et les cris ambiants. Des statues aux postures sans équivoque étaient disposées sur les meubles ouvragés de marqueterie. Une humaine, une gnome et une naine se faisaient l’amour sur une estrade bordée de spectateurs assis sur des chaises ou dans des fauteuils. Une autre grande estrade occupait le centre de la salle sur laquelle se déroulait une orgie. De ce que je pouvais voir, il devait bien y avoir, au moins, une quarantaine de personnes dans cette pièce, toutes masqués. Certaines de ces personnes participaient alors que d’autres ne faisaient que regarder et profiter de la soirée… pour le moment tout du moins. Toutes les races de l’alliance, sexes et tendances étaient représentées. Des domestiques, seuls à ne pas porter de masque et habillés de leur livrée habituelle, circulaient parmi les invités en portant des plateaux de coupes de champagne et de petits-fours comme dans n’importe quelle soirée mondaine. C’était surréaliste au point où je m’attendais à tout moment à voir Emmy me fixer en me souriant d’un air mutin. Mais, non, pas la moindre trace de la fillette. Devais-je en être rassurée ? Hmm… Pas sûr.
— Wouah. Elle est balaise cette hallu, me dis-je à voix haute.
A bien y réfléchir, s’il s’agissait d’une hallucination, d’un rêve ou d’un fantasme, il n’aurait probablement été constitué que de femmes, sans doute humaines et rousses, toutes plus belles les unes que les autres. Or, ici, il y avait absolument de tout dans une grande diversité anatomique. Hommes, femmes, minces, enrobés, grands et petits. Un détail m’intriguait, cependant : toutes sans exception étaient rasées avec une simple bande de poils pubiens taillés courts pour certaines. Je devais bien reconnaître que c’était assez esthétique.
Une autre domestique vint à ma rencontre et s’inclina pour me proposer le contenu de son plateau sur lequel étaient disposés des sextoys, des lubrifiants ainsi que tout un assortiment de drogues et de potions.
— Non merci, je crois que je suis chargée naturellement. En revanche, peux-tu me dire où je peux trouver Madame notre hôtesse ? Je suis sensée peintre son... portrait ? — Bien sûr, elle se trouve dans le grand salon, au fond de ce couloir, dit-elle en me le désignant. Ho ! Vous êtes l’Artiste, n’est-ce pas ? Veuillez me pardonner, je ne vous avais pas reconnue. — C’est un peu le but, je pense, dis-je avec un petit sourire en coin. — Certes. Ne faites pas attendre Madame.
Je pris la direction indiquée et m’engageais dans ce nouveau corridor. Celui-ci était bordé de toutes petites salles sans portes. Dans chacune d’elle c’était la même chose : du sexe à deux, trois, quatre ou plus, et des spectateurs, mais, ici, c’était un cran au-dessus dans les pratiques. Ici du BDSM, là du sado-maso, ce qui n’a rien à voir, il y avait même des succubes et des animaux pour les plus extrêmes. Pour autant, assister à des coïts hétéros me laissait toujours totalement indifférente, autant ces dernières salles étaient d’un tout autre niveau et avaient fini de m’échauffer les sens. A tel point que, arrivée au bout du couloir, j’étais déjà dans un état d’excitation des plus avancés et il me devenait difficile de penser à autre chose que de soulager le feu, ou l’inondation, qui me dévorait le bas ventre et tapissait l’intérieur de mes cuisses.
— Putain, cet endroit est démoniaque. Professionnelle, Sil’… Concentre-toi.
Un colosse en pagne de cuir se tenait devant une porte en bois ouvragé. Sa carrure était telle qu’il aurait très bien pu remplacer celle-ci sans qu’il y ait d’espace entre lui et le chambranle sculpté. Il me toisa un instant, son regard s’attardant sur mes formes que le déshabillé de soie cachait à peine, avant de s’écarter pour me laisser passer. En fait de grand salon, l’endroit suivant me fit plutôt penser à une sorte de petit amphithéâtre, comme on pouvait en voir dans certaines anciennes facultés de médecine, avec ses gradins en arc de cercle plongé dans la pénombre. Le public de VIP semblait nombreux. Lorsque j’entrais, le spectacle était déjà commencé. Comme on me l’avait dit, mon matériel m’attendait sur le bord de la scène, déjà installé de façon à ce que je sois dos aux spectateurs qui pourraient ainsi voir ce que j’allais faire. Comme une performance dans la performance. Mon entrée souleva une rumeur dans l’assistance comme à l’arrivée d’un chef d’orchestre et je vins rejoindre mon chevalet. Alors que je m’approchais, le tabouret me parut étrange. Et pour cause : l’assise de celui-ci était équipée d’une excroissance imposante et de forme vaguement phallique ! « Sans déconner… C’est une blague ? », me disais-je. Que devais-je faire ? Tout plaquer et partir ? La rumeur s’amplifiait alors que le public me voyait hésiter.
Devant moi, une humaine blonde nue était ligotée à l’aide de cordes, saucissonnée de manière à l’obliger à garder une posture offerte, mais, à en juger les nombreuses coulées de semences qui maculaient sa peau et l’état de ses orifices, je devais avoir manqué une partie non négligeable de la soirée. Son masque était bien plus élaboré et richement décoré. Etait-ce ma cliente ? Elle me lança un regard noir, sans doute à cause de mon retard et de mon hésitation à prendre place. Très bien… Ecartant les pans inférieurs et l’arrière de mon déshabillé, j’enjambais le tabouret pour venir m’empaler lentement sur la protubérance, mon entrejambe heureusement déjà copieusement lubrifié. La sensation fut comme une délivrance. Cependant, me donner ainsi en spectacle devant tant de monde, et qui plus est de parfaits inconnus, n’était pas une chose à laquelle j’étais habituée. Ce n’était même pas un de mes phantasmes. L’utilité du masque prenait alors tout son sens.
Je commençais sans plus attendre à dessiner un premier crayonné à la mine de plomb, traçant rapidement les contours de la jeune femme qui restait immobile et me fixait. Après quelques minutes, quatre personnes firent leur apparition depuis la coulisse, chacune revêtus d’une longue capeline rouge sang. Je n’arrivais pas à déterminer s’agissait d’hommes ou de femmes. Des pinces à ressorts reliées à de longues bandes de tissu descendirent du plafond et les personnes en rouge disposèrent les pinces sur le dos, les jambes et les bras de la femme ligotée. Bientôt, lorsque tout fut en place, les bandes se tendirent et la femme fut lentement soulevée dans les aires, les nombreuses pinces répartissant son poids. C’était… étrange, dérangeant et beau à la fois. Il était temps de mettre un peu de couleurs à mon tableau. Je fis un mélange d’encres et de craies à aquarelle sèche que je vins diluer en étalant à la main ma cyprine en abondance. J’étais comme en transe de créativité.
A ce moment, je ressentis une présence obscure, une lourdeur soudaine et malfaisante dans l’atmosphère. Là, derrière ma cliente supposée suspendue dans le Vide, je vis une forme d’Ombre immense se matérialiser. Je me rendis compte que je m’étais mise, sans y penser, à onduler du bassin afin de faire bouger l’objet qui me remplissait alors même que la forme semblait me scruter tandis que je lui donnais vie sur ma toile. On aurait dit qu’elle prenait la pause ou qu’elle attendait un signal pour déchainer les enfers et la déchiqueter. Personne ne semblait s’émouvoir de la présence ténébreuse. Etais-je la seule à la voir ? A l’instant même où je jouissais avec force, les yeux de la créature s’illuminèrent d’une intense aura bleue, les lumières de toute la salle s’éteignirent brusquement et un cri d’horreur retenti.
Il y eut un silence, uniquement troublé par ma respiration haletante.
Lorsque la lumière revint, il n’y avait plus trace ni de la forme d’Ombre, ni de la femme. Il ne restait plus que les pinces qui se balançaient au bout des rubans. Elle avait disparu sans même laisser une goutte de sang. Il ne restait en fait de tout cela que mon tableau... mon tableau signé « Shaïa ». (Librement inspiré d'une scène du film Eyes Wide Shut.) | |
| | | Silwenne Ethael Orateur déchaîné
| Sujet: Re: Les carnets de Silwenne. Mer 29 Jan - 18:53 | |
| - Citation :
- - « Ne t’avais-je pas dit que nous sommes maudites ? C’est toujours pareil. Soit elles meurent, soit elles disparaissent purement et simplement, sans laisser de trace, sans donner le moindre signe de vie, pas même une lettre d’adieu ou d’explication. Note, en revanche, que jamais elles ne rompent. Sans doute parce que rompre c’est moins facile que de partir. Il faut le dire en face, affronter la réaction, les cris et les larmes. Vois le bon côté des choses : au moins, tu n’auras plus à t’inquiéter pour le salut de son âme ou sa santé mentale. Je sais, je suis nulle pour consoler les gens. Et puis, cesse un peu de pleurer comme ça, c’est agaçant à la fin ! Si tu te voyais, ma pauvre fille… Non, mieux : si ELLE te voyait ! Les yeux rouges et bouffis, de la morve plein le nez… C’est pitoyable. TU ES pitoyable. Je te l’avais dit, ou pas ? Bien sûr, que je te l’avais dit, mais tu n’écoutes jamais. Toujours à ne suivre que tes instincts et à t’enflammer pour un rien. Quelle idée aussi de lui avouer tes sentiments comme ça, hein ? Après quoi, deux semaines ? Tu t’attaches bien trop vite, tu ne changeras jamais. C’est à se demander qui de ton cerveau, de ton cœur ou de ton cul pense pour toi. Ouais, tu aurais mieux fait d’en profiter comme d’une histoire de cul sans lendemain et voir venir. Au lieu de ça, maintenant, tu n’es plus qu’une épave, une loque. C’est pathétique. Ressaisis-toi un peu ! Et arrête de chialer, bordel ! Ah oui, ton amie aussi est morte. Pour le coup, deux en même temps, ce n’est vraiment pas de chance. Elle t’aurait probablement mieux réconfortée que moi, mais tu as d’autres amis, même si tu n’as envie de voir personne. Ca va peut-être te calmer sur la picole... ou pas, au contraire, si j’en juge les cadavres de bouteilles de rhum. Hm. Qu’est-ce que tu comptes faire avec cette dague, au juste ? Je ne te savais pas si lâche au point de choisir la solution de facilité. Et si tu crois que ça va suffire, tu te trompes lourdement. Tu ne feras que repartir pour un nouveau cycle et tu referas certainement les mêmes erreurs, encore et encore. Oui, je sais à quel point tu souffres, je n’en ai pas l’air, comme ça, mais je sais parfaitement ce que tu traverses. Je suis même la seule qui le sache exactement et ce à quoi tu es en train de penser alors… pose cette dague… s’il te plait. »
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| | | Silwenne Ethael Orateur déchaîné
| Sujet: Re: Les carnets de Silwenne. Lun 3 Fév - 19:10 | |
| - En Thalassien a écrit:
- Darnassus, 14 pluviôse
Cette affaire commence à puer du cul. Melan s’est mangé une flèche en pleine gorge à Feralas alors qu’on attendait sa fille Nympha. C’était clairement un guet-apens. Le tireur devait savoir que Melan et sa fille avaient coutume de se retrouver à cet endroit et l’aura attendu, bien sagement. Un tireur d’élite car c’est un tir particulièrement difficile à réaliser à cette distance et en contrebas, et il faut pas mal de force dans les bras. Melan serait certainement mort s’il n’y avait eu une prêtresse avec lui. Et la rouquine qui voulait lui faire un garot… au cou ! Y’a des fois, j’te jure…
A priori, la flèche utilisée est de fabrication Kaldorei, mais ça ne veut pas dire que ce soit un Kaldo qui l’ait décochée. Je ne suis plus très sûre, mais il me semble me souvenir que Melan m’avait dit que son autre fille, Shendra, était du genre solitaire et débrouillarde en millieux forestier. Mais, très honnêtement, je ne l’imagine pas essayer de tuer son père, et pour quelle raison ? A moins que ce soit un avertissement. Si elle savait que quelqu’un comme moi était là pour lui apporter immédiatement les soins nécéssaires, peut-être qu’elle voulait le mettre hors course ou l’éloigner pour intercepter Nympha ? Et ce cri… J’ai clairement entendu quelqu’un crier « Non ! » juste après que Melan ait été touché. Pour moi, c’est Nympha qui a crié. Ca ne ressemblait pas à une voix que je connais, en tout cas.
La question qu’il faut se poser c’est pourquoi ? Pourquoi enlever Lyz ? Pourquoi empêcher Melan de la chercher ? Si elles étaient censées protéger le mage, ont-elles vues quelque chose dans la trame du temps en rapport avec Lyz ou le mariage que l’une d’elles, ou les deux, voudrait essayer d’empêcher ?
Ou alors, Plus plausible, Nympha a enlevée Lyz, elle sait que Melan la cherche et qu’il va aller au rendez-vous pour avoir des explications. Elle l’attend et lui tire dessus en guise d’avertissement. Elle est druidesse, peut-être qu’elle a manqué son coup… Et touché le cou par erreur ? Il se peut même qu’elle ait volé l’arc et les flèches de sa sœur pour ça. Shendra était sur sa piste, elle avait deviné les projets de sa sœur et voulait l’en empêcher, mais elle est arrivée trop tard pour arrêter Nympha et c’est elle, Shendra qui a crié en assistant à la scène, probablement ligotée par Nympha à proximité. Ca ne répond pas à la question sur la motivation, cela-dit… il faudra le lui demander quand on l’aura attrapée. | |
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