Bulletin cérébral du combattant protecteur

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Teldrassil est vraiment mal en point, et Sombrivage n'est pas mieux. Comment le Cercle Cénarien a-t-il pu se planter à ce point ? Est-ce que c'est l'influence des démons de Gangrebois qui descend par la Bondissante ou la Sinueuse ? Comment l'armée peut-elle être occupée ailleurs qu'à chasser les démons de nos forêts ? Mon père disait que Fandral était un dirigeant bien avisé. Tu parles ! Fichus politiciens !

Même si je n'étais pas revenu pour ça, je ne peux quand même pas laisser cette situation perdurer.

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Je crois que je suis resté isolé trop longtemps. Tous mes anciens camarades ont trouvé d'autres affectations. Je n'ai même plus une troupe à mener au combat.

Il faut regarder la réalité en face : je me suis relâché. Avec le relatif calme en Feralas ces derniers siècles, ce n'est pas étonnant. Je me suis occupé de Nympha, au détriment de mon devoir de soldat.

Peste soit des Qiraji. Mon pauvre Dan, je suis sûr que tu serais fier de tes filles. Bon, tu n'aurais peut-être pas approuvé les choix de Shendra. Mais qu'est-ce que je pouvais faire de plus ? Contrairement à sa sœur, elle n'a jamais accepté ma tutelle. Au moins, elle ne me reproche plus ta mort. Comment a-t-elle pu s'éprendre de Protheus ? On vient à peine de le rencontrer, et il est magicien ! Tout le contraire de ce qu'on essayait d'inculquer à nos jeunes. Remarque, c'est peut-être pour ça.

Je dois bien reconnaître qu'il est extrêmement doué. Ce n'est pas donné à tout le monde d'apprendre les bases de la magie druidique en seulement deux ans. Les humains sont vraiment époustouflants.

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J'ai signé l'appel pour la paix. Encore un truc de politicien, mais je n'ai rien de mieux pour le moment. J'espère que ça ne restera pas qu'un vœu pieux : il faut qu'on soit dans l'action ! Les orcs et les nains ont combattu les démons, eux aussi. Et je connais bien les taurens : ils sont tout à fait respectables. Leur récente sédentarisation aux Pitons-du-Tonnerre n'a fait qu'accélerer l'abandon de la mésa alentours par les rares centaures qui l'occupaient encore. En s'installant en bordure du territoire des hurans, on aurait pu craindre une réaction violente, mais ils ont su l'éviter jusqu'ici. On peut leur faire confiance pour la diplomatie.

Même si j'ai entendu dire qu'il y avait encore quelques frictions avec des orcs en bordure d'Orneval, la menace est à Gangrebois, j'en suis convaincu. Nos forces doivent être redéployées, quoiqu'en pense mon père, et je ferai tout ce que je peux pour que ça aille dans ce sens.

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J'ai l'impression que cet Azjaxandrin n'est qu'un politicien de plus ; il ressemble tellement à mon père, avec son attitude condescendante. Il adore qu'on le flatte, même s'il s'en défend mollement à chaque fois. Mais je n'ai pas trouvé de meilleur porte-parole pour le moment. C'est un bon orateur. Je vais quand même garder un œil sur lui : il m'a l'air louche derrière ses dehors empruntés. Quelque chose m'inquiète à son propos, mais je n'arrive pas à déterminer quoi.

Ceux qui sont venus à cette réunion de la Ligue, ce sont surtout des intellectuels et des gens qui ont intérêt à la paix et la stabilité : commerçants ou artisans. Les clergés de différentes confessions sont représentés aussi. Mais peu de combattants expérimentés. Il va falloir recruter, si on veut pouvoir compter sur l'échiquier.

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Akylios est un animal exceptionnel. Quelle puissance quand il se bat, et avec quelle douceur il guide cette sauvageonne de Moystia. Quand je me bats à leurs côtés contre les hurans, je suis serein comme je l'étais avec toi, Dan. En revanche, cette métisse qu'on nous a collé entre les pattes m'est beaucoup moins sympathique. Encore qu'elle se débrouille correctement en situation de combat réel, ce qui n'est pas rien pour une civile. J'en ai connu plus d'un qui se serait mis en boule en attendant la mort. Peut-être que je suis un peu trop exigeant.

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Pff, la Croisée est fermée aux elfes. Quand on pense qu'il viennent à peine de s'installer dans la région, et ils commencent déjà à se refermer sur eux-mêmes. Ce n'est pas bon signe.

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Comment est-ce que je vais pouvoir présenter ça aux autres membres de la Ligue ? Je ne voudrais pas que leur première réaction soit de vouloir aller se battre contre la Horde. Surtout qu'à Hurlevent, il y aura sûrement beaucoup d'humains, et je sais à quel point ils sont lunatiques. Mais il ne faut surtout pas aller en force en bordure d'Orneval affronter les orcs. C'est tout le contraire : il faut amener les adversaires d'hier à s'allier pour affronter les véritables menaces.

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J'en étais sûr ! Azjaxandrin vient d'Eldre'thalas, aucun doute possible. Toi, je ne vais pas te quitter des yeux, mon gaillard.

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Étonnamment, tout s'est bien passé lors de cette réunion à Hurlevent. Comme on pouvait s'y attendre, il s'est trouvé un humain pour essayer d'engager toute la Ligue dans ses magouilles diplomatiques entre factions humaines. Qui ça peut intéresser, cette croisade rouge, à part des humains ? Je vais quand même mener ma petite enquête, on ne sait jamais. Mais au moins, ça n'a pas eu d'incidence sur le résultat final : la Ligue va promouvoir l'action armée contre les démons, pour réunir ensemble les races de l'Alliance et de la Horde.

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Désolace. Au-delà de ce désert, c'est Feralas, Nympha, et au cœur de la forêt Shendra et Protheus qui ont commencé la Longue Veille. Si près de retrouver tes filles, Dan. Mais pas cette fois. Je suis en mission. Je vais trouver ce Croisé Écarlate, et lui faire dire ce qu'il sait. Il est venu ici dans un certain but, il suffit de trouver pourquoi, de l'aider à accomplir son objectif, et il deviendra plus loquace.

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Ce sont les centaures qui raniment les morts ! Où ont-ils appris ce genre de magie ? Les satyres de Sargeron ? Les hurans à l'est ? Les ogres de Feralas ? Rien d'étonnant, en tout cas, à ce que la Croisade Écarlate soit venue enquêter en Désolace, si loin de ses terres habituelles. J'en ai vu assez, je vais rentrer à la Combe de Nijel faire mon rapport. Quand je reviendrai, il faudra que je sois plus lourdement armé.

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Quelle plaie ! Des mondanités avec des membres de la Ligue, maintenant. Je ne sais même pas qui est cette Lyzéra pour qui ce pince-fesses est organisé. Et à Hurlevent, en plus, alors que je suis en pleine infiltration à l'autre bout du monde. De toute façon, il est hors de question que je sois absent alors qu'Azjaxandrin va probablement venir. C'est une réunion prévue à l'avance dans un lieu public. Tout ce qu'il faut pour un dérapage en beauté.

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C'est elle, Lyzéra ? Hé ben, je ne regrette pas d'être venu, finalement. Rien que pour le coup d'œil, ça valait le coût du voyage. La chevelure d'Élune, un sourire à faire fondre la neige du Berceau-de-l'Hiver, et des yeux tellement profonds qu'on s'y baignerait. Il faut que je reste concentré, toutes les huiles de la Ligue sont là. Et aussi quelques têtes que je ne connais pas. Bon sang, quelle chute de reins. Concentré, Melan, concentré.

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Mais qu'est-ce que je fais maintenant ? Je la laisse me draguer, c'est une chose, mais maintenant ? Elle s'est mise dans un état... Je ne peux pas la laisser rentrer seule, quand même. Mais la raccompagner ? Et ce fichu politicien d'Azjaxandrin qui sirote sa chope la tête dans les nuages, alors que tout le monde sort. Je ne peux pas le laisser seul ici, à la merci de n'importe qui, lui non plus. Lève-toi et va rejoindre le groupe, crétin !

Holà, Melan, calme-toi.

Ça y est, il vient de réaliser que tout le monde était parti. On va pouvoir retourner voir Lyzéra. Et Mush'a, le sabre-de-nuit qu'elle vient de s'offrir.

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Quelle bécasse je fais. Évidemment, c'est Lyzéra qui invitait, je devais bien me douter qu'elle habitait à deux pas de l'auberge. Je l'ai raccompagnée, et c'est tout. Et je me retrouve là à regarder le mur du bâtiment. Je ne sais même plus ; est-ce qu'elle m'a embrassé ? J'ai un peu du mal à remettre mes pensées en ordre. Je crois que je vais aller marcher un peu : l'air frais de la nuit va me faire du bien. J'ai l'impression d'avoir des bouffées de chaleur.

N'importe quoi !

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Comment j'ai pu l'embarquer avec moi dans cette galère ? Attaquer une tribu de centaures nécrolytes dans un défilé étroit et sans issue. Mais ça n'a pas l'air de l'impressionner, au contraire elle semble heureuse d'être ici, souriante. Lyzéra a vraiment tout pour me plaire.

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Combien d'adversaires abattus ces derniers jours ? Des dizaines ? Des centaines ? On dirait que rien ne peut nous arrêter, quand on combat tous les deux. Lyzéra est toujours souriante. Quel bonheur de l'avoir à mes côtés.

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Elle s'est immergée à moitié nue dans l'eau du Puits. Étonnamment, j'ai eu l'impression qu'elle ne me souriait plus à moi, mais qu'elle souriait juste pour elle-même, comme si elle se concentrait à l'intérieur d'elle-même pour se régénérer. Il faut dire aussi qu'on a passé plusieurs jours dans la crasse de Désolace. Elle n'en dit rien, mais je suis sûr que cette lande désertique lui déplaît. On trouve à peine quelques fleurs par-ci par-là. Comment une telle beauté peut-elle s'épanouir dans un environnement aussi... désolé ? Ce soir, repos. Je vais lui parler de Feralas, ça lui changera les idées. Elle m'a dit qu'elle n'y était jamais allée.

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Répugnant. Des morceaux de démon partout. Après ce que Lyzéra m'a raconté l'autre soir sur son passé, je comprends pourquoi elle s'acharne ainsi sur eux, mais ça reste extrême, même pour moi. Au moins, il n'y a plus de doute à avoir sur l'origine de la corruption des centaures. Heureusement que Lyzéra et moi sommes intervenus, ça devrait stopper leur développement dans le sud de Désolace. Surtout quand on voit comment elle les massacre.

Et pourquoi s'est-elle arrêtée, d'ailleurs ? C'est qui cette guerrière ? Elles se connaissent ?

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Comment tout ça s'est-il emballé si vite ? C'est cette Zelya qui a mis le feu aux poudres. Elle arrive, se présente à peine, massacre des démons à tour de bras façon démonstration à l'école militaire, et Lyzéra la dévore des yeux comme jamais je ne l'avais vue faire auparavant. Et puis Zelya repart l'air de rien, et c'est moi qui en prend pour mon grade. J'étais juste heureux d'être avec Lyzéra, moi. Pourquoi faudrait-il tout changer ? Qu'est-ce qui n'allait pas dans notre relation ? Qu'est-ce qu'elle veut de plus ? Ok, je veux bien qu'on retourne à la Combe de Nijel pour discuter, mais après ?

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Ça me fait tout drôle. Je ne lui ai pas dit directement que je l'aimais ; j'aurais peut-être dû. Ce n'est pas si facile de trouver les mots justes pour exprimer ses sentiments. Elle, elle l'a dit. Enfin, elle l'a plutôt écrit, mais ça revient au même. Je suis à la fois épuisé de cette longue mise au point, et en même temps incapable de m'endormir : trop de choses en tête.

Lyz est tellement belle, allongée ainsi sur sa couche.

Il faut que je sois à la hauteur : je me suis engagé à officialiser notre relation devant nos camarades de la Ligue. Je dois envoyer le courrier d'invitation, trouver comment faire venir les gens, même si ce n'est pas une réunion officielle, mais sans dévoiler en avance l'annonce qu'on compte faire.

Je vais trouver les mots qu'il faut.

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Étonnamment, depuis que j'ai accepté l'idée d'être officiellement en couple avec Lyz, j'ai beaucoup plus de facilité à lui parler. Les phrases ont l'air de glisser facilement hors de moi, de s'assembler en un tourbillon qui la met dans tous ses états. Mais je ne devrais peut-être pas trop insister sur ce côté romantique pendant cette "réunion" : en plus du poème, il faudrait que je trouve un cadeau qui en jette. Et pas juste des fleurs comme les autres jours. Quelque chose de spécial. Un truc qu'elle pourrait garder avec elle tout le temps, comme un bijou, mais pas qu'elle met et qu'elle oublie ensuite. Je veux qu'elle s'en serve tout le temps, pour lui montrer que je serai toujours là avec elle, pour la soutenir et la protéger, mais pas seulement pour prendre les coups à sa place.

Ça y est, j'ai trouvé. Je vais lui acheter une épée.

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Dramatique et amusant. Zelya doit être encore vraiment amoureuse de Lyz pour débarquer ainsi sans prévenir, et me provoquer en duel au milieu de tous nos amis. Je la comprends tellement. Ce n'est pas le cas de tout le monde, apparemment. Bryndell a l'air dans tous ses états. Mais tant pis, je ne me défilerai pas.

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Je n'étais pas au maximum, loin de là. Pas de coup mortel, pas de mutilation, pas de saignement... Mais même ainsi, Zelya m'aurait surclassé. Je l'admire. Elle voulait me tester, savoir si je méritais Lyz, si je serais capable de la défendre. Elle voulait savoir si elle pouvait me la confier, puisque le cœur de Lyz était à moi plutôt qu'à elle. Et j'ai réussi le test : même si j'ai perdu le duel, je suis toujours en un seul morceau.

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Je ne m'attendais pas à ça ! Une maison en ville, carrément ! Lyz m'a fait là une sacrée surprise. J'ai vraiment l'air pitoyable avec mon poème et mon épée.

"Pour services rendus" m'a-t-elle affirmé. Comment son employeur a-t-il les moyens de lui payer un duplex dans la capitale ? Mathias Shaw a le bras beaucoup plus long que ce que je pensais, à Hurlevent. Voilà donc le pouvoir secret que je cherchais à découvrir, qui contre-balance la main-mise de Katrana Prestor et de la maison des nobles. C'était pourtant sous mes yeux, mais j'ai sous-estimé la tendance des humains aux complots : le maître des chuchoteurs est bien plus important qu'il n'y paraît.

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Ah, j'enrage ! Quelle vipère, cette Zelya. Elle a acheté une autre épée à Lyz, et évidemment de meilleure qualité. J'ai vidé toutes mes économies, et pour quel résultat ? Ça m'éneeerve ! Tiens, mange du bouclier, Sombrefer puant ! Prends ça, et ça ! Et ça !

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Je suis épuisé. Pas seulement physiquement, mais moralement. Lyz et moi avons mené une mission d'assassinat ciblé contre un ambassadeur élémentaire du feu au cœur d'Angor, la forteresse sombrefer entre les Terres ingrates et les Steppes ardentes, et nous voilà maintenant à l'auberge à Thelsamar, une petite ville tranquille du Loch Modan. J'ai des bleus partout à force de prendre des coups à travers la cotte de mailles, mais je suis obligé de me tenir courbé. Même comme ça, j'ai du mal à ne pas me cogner au plafond : mes deux mètres quarante comptent double chez les nains.

Lyz m'a dit qu'elle en avait assez des missions dans les territoires désertiques. Ça tombe bien, moi aussi j'en ai marre. On n'a même pas eu l'occasion de profiter de la nouvelle maison à Hurlevent : juste une soirée à installer des affaires. Je suis sûr que les fleurs que j'ai posées dans le pot sur la table avant de partir sont fanées. J'en ai marre, je ne sais même plus pourquoi je suis ici. Je veux revoir les frondaisons de Feralas, je veux me baigner à nouveau dans la Verdantis. Je veux revoir Nympha et Shendra. Dan, je suis malheureux, alors que Lyz est juste à côté de moi, à nettoyer le poison de ses lames. Comment as-tu pu partir à la guerre en laissant ta femme et tes filles derrière ?

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J'ai bien fait de dire à Lyz que je n'allais pas bien non plus. Je lui ai proposé de prendre quelques jours de repos pour lui faire découvrir Feralas, et j'ai vu des étoiles briller dans ses yeux. Elle est tellement charmante quand elle me sourit comme ça. Je me demande quelle surprise elle me prépare maintenant. Je dois juste lui tourner le dos le temps qu'elle finisse.

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De retour à Darnassus, avant de partir pour Feralas. Lyz m'a imposé le détour, mais je ne peux rien lui refuser. Qu'est-ce qu'elle veut me faire faire, cette fois-ci ?

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Gwen et Mush'a sont allongés l'un à côté de l'autre. Ils se sont bien trouvés tous les deux. Comme Lyz et moi. Nous avons longuement discuté, mais elle, elle a réussi à s'endormir. Évidemment, elle a le beau rôle dans cette affaire : elle gagne bien sa vie, a peu de dépenses, a des relations qui peuvent lui fournir tout ce dont elle peut avoir besoin pour presque rien ; et puis elle a Zelya. Et moi, je suis un sauvage de la forêt avec une bourse percée. Je ne peux qu'accepter cette situation, même si je trouverai toujours ça injuste : elle sera toujours plus riche que moi, et pourra me faire des cadeaux que je ne pourrai jamais vraiment rembourser. Cette panthère qu'elle m'a offerte en est la preuve.

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Thalanaar, et maintenant Pennelune. Je suis vraiment chez moi, en Feralas. Si ce n'est le nouveau village tauren que nous avons découvert, et les ogres que nous avons surpris plus au sud qu'à leur habitude, rien n'a vraiment changé. Si, moi, j'ai changé. Le fait de présenter Lyz comme ma compagne à toutes ces personnes qui me connaissent célibataire depuis des millénaires, c'est un petit événement en soi au bastion. Tout le monde me sourit d'un regard complice. Les gens viennent nous voir même s'ils n'ont rien de particulier à me dire, juste pour vérifier. J'espère que Lyz ne le prend pas mal d'être ainsi scrutée. Même Shandris y est allée de son petit commentaire personnel. Venant d'elle, l'avatar de la vertu martiale, c'est vraiment extraordinaire !

J'ai demandé si quelqu'un avait vu Nympha et Shendra ces derniers temps, mais c'est juste pour donner le change : je sais bien que Shendra ne peut plus venir. Elle doit veiller sur le corps de Protheus tandis qu'il veille sur nous tous. Mais Nympha aurait pu passer au bastion si elles avaient besoin de quelque chose. C'est peut-être mieux ainsi : ça veut dire qu'elles ne manquent de rien.

Je vais pouvoir prendre mon temps pour faire découvrir à Lyz tous les recoins sympas de Feralas.

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Nous étions tellement occupés à batifoler dans la forêt ces derniers jours que je n'ai pas pensé que du courrier important aurait pu arriver. Et voilà le résultat : nous avons raté une réunion de la Ligue. Il faut qu'on se remette au travail.

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Si j'avais su que Ginro allait nous envoyer sur une mission aussi dangereuse, j'aurais demandé une troupe à Shandris. Lyz propose de descendre dans la ruche silithide. Mais quelle folie ! Elle ne se rend pas compte, bien sûr. Personne ne peut comprendre s'il n'a pas déjà combattu des silithides. Ce n'est pas un ennemi comme les autres. Même si on ne voit que quelques dizaines d'insectes à l'entrée, il y en a peut-être des milliers là-dessous. Et si l'un d'entre eux nous repère, toute la ruche sera au courant immédiatement. Des marées grouillantes vont s'abattre sur nous ! On sera submergés en quelques minutes. Non, c'est trop dangereux. Il faut rester en observation pour recueillir un maximum d'informations, avant de retourner au bastion chercher du renfort.

Mais qu'est-ce qu'elle fait ? NON !!!

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Ce n'était pas vraiment une ruche. Mais comment cette petite troupe silithide a-t-elle réussi à entrer dans Feralas ? Quand je ferai mon rapport au bastion, on sera sûrement envoyés enquêter à Tanaris ou pire... peut-être même à Silithus directement. Si les silithides se développent à nouveau, il faudra en avertir la Ligue : ce serait une menace suffisamment importante pour unir la Horde, l'Alliance, et même au-delà.

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Encore un désert : Tanaris. Au moins, cette fois, on a les plages de sable fin pour terminer nos journées. On va en profiter pour travailler comme mercenaire pour les gobelins de Gadgetzan : ça nous fera un peu de sous, sans nous empêcher de mener notre enquête.

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Lyz picole comme un trou. Moi qui ne buvait jamais avant, je l'accompagne de plus en plus souvent. Le rhum qu'on a trouvé chez les pirates qu'on a attaqué l'autre jour pour le compte des gobelins n'est pas terrible, pourtant. Il brûle la gorge, laisse un sale goût dans la bouche après l'avoir avalé, et diminue mes capacités de combat. Mais ce nouveau rhum que Zelya lui a apporté est bien meilleur, au contraire.

C'est à l'image de notre relation : Lyz m'aime, j'en suis sûr, mais c'est Zelya qui lui apporte le meilleur. Et maintenant, on la suit dans les Hinterlands. Ce n'est pas la première fois, et ça se passe toujours de la même manière. Zelya débarque sans prévenir pour nous proposer une épreuve insurmontable. Lyz a les yeux qui brillent, alors on la suit. Zelya nous fait une démonstration de sa supériorité martiale, et me fait passer pour un minable. Alors je joue le jeu, je fais le mariolle, celui qui n'y connait rien au combat. Mais je m'exerce en secret sur de nouvelles armes, de nouvelles postures, de nouvelles techniques. Et surtout, je prends du muscle pour pouvoir porter une armure de plaque complète. Tu verras bien au final, Zelya : un jour prochain, c'est moi qui te provoquerai en duel. La même souplesse qui t'a tenu tête l'autre fois, mais avec une armure bien plus résistante.

[...]

Cela faisait longtemps que je n'étais pas passé par Darnassus. Lyz, elle, est rentrée directement au port Gentepression, mais elle voulait que je me trouve une nouvelle tenue. Un peu de couleur elle a demandé, un peu de couleur elle aura. Peut-être que c'est cette styliste gobeline qui lui a mis ces idées en tête. Je suis sûr que ce nouveau ceinturon va plaire à Lyz. Il met bien en valeur ma virilité.

Oh non, pas Zelya, pas maintenant !

Je vais me relire une dernière fois avant de la sceller.

Citation :

Ma beauté fatale

Le voyage m'a paru de plus en plus interminable, à mesure que je m'éloignais de cette jetée où je t'ai quittée. Le vent paresseux nous a lentement menés à Pennelune, d'où je t'écris comme promis avant de m'enfoncer dans la forêt retrouver Nympha et Shendra. Je regrette tellement que tu ne puisses pas être à nos côtés en cette période de fête, mais tu es la voix de la raison : il faut d'abord régler ses propres problèmes, avant d'inclure de nouvelles personnes dans le cercle familial.

Gwen aussi semble trouver le temps long. Chaque fois que je m'accoudais au bastingage, elle venait se frotter contre moi, soulever mon bras pour que je la caresse, me lécher l'épaule, me pousser de la tête à m'en faire tomber par terre pour finalement la poser sur mes cuisses. Nous avons dormi serrés l'un contre l'autre, mais même sa fourrure ivoire n'était pas aussi douce que ta chevelure, même le souffle humide de sa respiration n'était pas aussi chaud que la saveur suave de tes lèvres lorsque je suis dans tes bras.

J'espère que tu recevras ce courrier avant de repartir pour Hurlevent tenir compagnie à Silwenne, qui doit se sentir bien seule en cette période. Nous, nous avons au moins la certitude que nous nous retrouverons à mon retour.

Il me tarde, mon amour.

Ton beau gosse

Elle a survécu. Par Élune, ou peut-être par la Sainte Lumière, mais au moins, Lyz est en vie. Si ce n'est cette fine cicatrice qui lui zèbre la peau à un endroit qui n'est pas visible à tout le monde, on jurerait qu'il ne s'est rien passé. Pourtant, la véritable blessure n'est pas là.

Je nous ai préparé un programme de remise en forme. C'est probablement la meilleure perspective pour laisser cette attaque derrière elle : retourner sur le terrain, être dans l'action pour focaliser son attention. Je pense qu'elle a compris pourquoi je lui ai proposé de retourner à Tanaris, non loin des lieux de son agression.

Je ne te quitterai pas une seconde, Lyz, tu peux me faire confiance.

[...]

Encore ces satanés cadavres réanimés. Mush'a aussi finit par être stressé quand on en croise, à force que Lyz lui compresse les flancs entre ses cuisses à chaque fois. Mais on ne peut pas les agresser et risquer un incident diplomatique, juste pour que Lyz arrive à vaincre sa peur. Quoique... Non, on ne peut pas.

[...]

Heureusement que Lyz va mieux. Je n'aime pas la quitter de nouveau. J'ai l'impression de l'abandonner. Au moins, elle ne sera pas seule : elle va tenir compagnie à Silwenne, qui a bien besoin de ne pas être seule elle aussi en cette période de fêtes, où tout le monde va rejoindre sa famille. Mais de toute façon, Lyz a raison : je dois profiter du Voile d'Hiver pour parler à Nympha.

[...]

Quel nul, mais quel nul ! Comment j'ai pu laisser s'insinuer un tel serpent dans ma famille ? Est-ce que je suis vraiment aveugle ? D'accord, Nympha est TA fille, Dan, mais je l'élève comme si c'était la mienne depuis son plus jeune âge ! Comment elle a pu croire que je pouvais être autre chose que son père ?

C'est la faute de Protheus ! Il a dû lui bourrer le crâne ou lui faire un truc de sorcier. Il vient d'arriver, et tout à coup, tout éclate. C'est lui qui a eu cette idée saugrenue de se cacher à Feralas sans me dire où exactement pour que je ne puisse rien révéler à mon père. Et me voilà bien pris ! Nympha est partie en pleurant, et je ne sais même pas où.

Si je le retrouve, je lui explose le crâne ! Haaa !

[...]

Je suis dépassé.

L'année dernière, à cette époque, nous étions dans cette même clairière, installés tranquillement autour du feu. Nympha et Protheus discutaient de magie druidique ; Shendra le dévorait des yeux. Et moi... Moi, je ne faisais qu'observer mes filles, juste content qu'elles soient en sûreté, à pouvoir discuter de tout et de rien sans se préoccuper du reste du monde. Pourtant, je savais déjà, à ce moment-là. Je savais que je devrais retourner au nord, affronter les démons qui restaient, reconstituer une compagnie pour faire le nettoyage. Et j'ai voulu leur épargner ça. J'ai voulu les protéger, comme toujours, en leur évitant de s'exposer directement au danger. Je leur ai donné pour mission de s'occuper du corps de Protheus, tandis qu'il partait pour l'au-delà se battre en première ligne, lui aussi. Ainsi, elles ne risquaient rien. Voilà quel était le plan.

Mais je n'ai pas réussi à former une équipe d'envergure pour nettoyer Gangrebois. Au lieu de ça, j'ai observé, infiltré, assassiné. J'ai agi en diplomate, en espion, en politicien. J'ai été mon père. Et Shendra se fout de moi. Et j'ai rendu Nympha malheureuse. Je ne sais même pas où est Protheus ou ce qu'il fait. Les qiraji ont l'air de se remettre en mouvement, et je n'ai même pas encore pris le temps d'aller en Silithus voir ce qu'il en est réellement. Je suis assis dans cette clairière, à tailler machinalement un septième morceau de bois en forme de dragon-fée, à regarder mijoter sur le feu un ragoût que je n'arriverai jamais à finir seul... à attendre depuis deux jours que Nympha revienne.

Ma petite fille chérie, je n'en reviens toujours pas que tu sois restée auprès de moi tous ces siècles, à attendre que notre relation se mue en autre chose, sans obtenir aucun signe de ma part. Je t'aime, je t'ai toujours aimée, et je t'aimerai toujours, mais pas de la façon dont tu l'as espéré. Pour Lyz, les mots me viennent facilement. Tout s'enchaîne le plus naturellement du monde, comme si c'était écrit à l'avance. Pourquoi n'ai-je pas réussi avec Nympha ? Peut-être parce que je n'ai jamais eu l'habitude d'exprimer mes sentiments, pas même pour toi, Dan. Mais tout ça est bel et bien terminé. Lyz a su faire voler en éclats toutes les plaques de mon armure. En venant ici, j'ai fait l'erreur de me comporter comme avant, alors qu'en vérité, tout avait changé. Désormais, je sais ce que je veux dire. Désormais, je sais que je peux trouver les mots pour exprimer mes sentiments envers Nympha Murmelune, la fille du lieutenant Dan'edil Murmelune, mon âme-sœur durant plus de six mille ans.

Citation :

Salut Xaxas

Nympha m'a poussée à t'écrire cette lettre, même si je n'en avais pas vraiment envie. Tu vis avec ta pouf' de ton côté, c'est ton choix. Les miens me portent ailleurs. Mais je te connais, je sais que tu ne lâcheras pas le morceau avec ma sœur. Je t'avais prévenu que si tu t'obstinais à vouloir la revoir, après nous avoir annoncé que tu te tapais la première venue, elle allait t'en vouloir à mort. Il a fallu que je la récupère à la petite cuillère. Je n'arrive pas encore à croire qu'elle soit retournée s'expliquer avec toi, et encore moins comment elle peut te défendre aujourd'hui.

Bref, on sera forcément amenés à se recroiser, alors autant te raconter ce qu'il s'est passé.

Tu le sais, le temps ne circule pas de la même manière pour Protheus. Quand j'ai dû me taper le trajet à la place de Nympha pour te causer au Voile d'Hiver, pour lui, ça a représenté quasiment un siècle ! Un siècle, bordel ! Tout ça pour t'entendre me sortir que t'étais désolé de t'occuper de ta bite avant tout le reste. Je te l'ai dit, et je te le remets encore par écrit. Je m'en fous, vis ta vie, fais ce que tu veux. Mais je ne me déplacerai plus pour toi, c'est terminé.

Quand je ne suis pas connectée, Protheus n'a aucune idée de ce que je fais, de pourquoi je ne donne pas de nouvelles. Tu crois que tu sais ce que ça fait de perdre quelqu'un, parce que toi tu as vu tes hommes se faire tuer à la guerre ? Je vais te dire, en fait, tu ne sais rien. Rien du tout. Rien de ce qu'on ressent à la mort d'un proche, de l'absence au quotidien, des remords de ce qu'on a fait ou dit, des regrets de ce qu'on n'a pas pris le temps de dire ou qu'on ne pourra jamais faire. Et si en plus tu n'es pas sûr... C'est encore pire de ne pas savoir si la personne que tu aimes est encore en vie. Chaque matin, tu te demandes si l'attente va enfin se terminer aujourd'hui. Chaque soir, tu revis un nouveau deuil. Tu te réveilles en pleine nuit en te demandant si elle est revenue. Et la journée, avec la fatigue et l'esprit qui pense à d'autres choses, tu fais des erreurs. Tu es bien placé pour savoir que les erreurs, au combat, ça se paye cash. Jamais je ne te pardonnerai de lui avoir fait subir ça.

Alors oui, j'ai réveillé Protheus, juste pour une vraie journée dans le monde physique, la nouvelle année avec moi. Maintenant, je porte son enfant, et tu n'auras aucun droit sur lui.

Shendra, ta petite fille chérie, ô grand guerrier sauveur d'Azeroth

Tu vois, Dan : Nympha ne lui a rien dit pour nous. On pouvait lui faire confiance. Elle a compris que tant que Shendra continuerait à me détester, elle pourrait vivre en paix avec sa conscience malgré toutes les horreurs dont elle m'a abreuvé pour me reprocher ta mort.

SI-7 a écrit:

Bonjour

Nous avons le regret de vous informer que Lyzéra Lastnight est décédée en mission confidentielle.

Et ça continue encore sur quelques lignes.
J'en ai écrit des tas, des comme ça.
Les autres non plus n'ont pas voulu y croire.
Ils pensent qu'il y a un coup monté derrière cette lettre.
Ils ont peut-être raison, on verra où nous mènera l'enquête.
Mais moi, je le sens dans mes tripes, je sais que je ne reverrai pas Lyzéra Lastnight.
Mes larmes ne sont pas simulées.
Elle ne cherchait qu'un peu de bonheur dans un monde injuste.
Je lui ai apporté ce que je pouvais avant que la vie ne nous sépare comme elle nous avait rassemblés : par hasard.