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 Flammes et folie

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Okorn
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MessageSujet: Flammes et folie   Flammes et folie EmptyDim 8 Déc - 20:29

Tout n'était que silence et ténèbres.

Pas un silence absolu, de mort, ou plutôt d'absence de vie, mais un silence vibrant, grondant, ruisselant de toute part, traversant les âges, les époques, les éons. Un silence mouvant, puis se tapissant dans les coins, frôlant les aspérités et les creux, se faufilant dans les failles et les fissures, résonnant dans l'espace.

Pas des ténèbres absolues non plus, ni inextricables ou intemporelles, mais des ténèbres inégales, composées de plusieurs strates, teintes, couleurs, se reflétant sur le monde, le rendant réel, le faisant exister. Des ténèbres affluant et refluant, luttant contre leur disparition.

Tout n’était que silence et ténèbres, donc.

Puis une lueur apparut. Tout d’abord diaphane, elle glissa sur les parois, bondissante. Lentement, elle se transforma en un éclat scintillant, une étoile dans l’obscurité. Elle détourait une silhouette trapue, râblée, qui semblait la tenir à bout de bras. Dans un bruissement confus, mélange d’étoffe froissée, de composants métalliques s’entrechoquant et du battement sourd de pas sur le sol granitique, elle se rapprochait.

Elle progressait dans un tunnel aux contours irréguliers, brillant d’humidité et de richesses minérales. De l’eau ruisselait sur les murs le long des poutres de bois servant de soutènement, puis sur le sol, formant des rigoles creusées par le temps. La pente légèrement inclinée précipitait les flots vers l’avant. Deux rails oranges de rouille et jalonnés de planches de bois pourries avançaient dans la pénombre.

La silhouette s’arrêta et sembla hésiter un instant. A la limite de la lumière, le tunnel s’élargissait, là où les rails s’arrêtaient. Elle brandit devant elle la lanterne qu’elle tenait, illuminant une grande salle constituée de piliers rocheux qui semblaient porter le poids de l’épaisseur considérable de roches et de sédiments qui la séparaient de la surface.

La silhouette fut également dévoilée ; un Nain, grand pour son espèce. Il portait la cape verte en lin de Montagnard, la capuche posée sur la tête. Sous celle-ci, on pouvait deviner un nez au busc prononcé, surmonté d’un regard bleu céruléen sévère légèrement plissé que porte quelqu’un ayant travaillé de trop longues années dans l’obscurité. La peau du visage était claire mais grêlée par endroits, et sa moitié droite était marquée par les stigmates d’une ancienne brûlure qui a dû être grave. Partant du haut de sa joue, elle grimpait sur sa tempe et courait jusqu’à l’oreille qui avait un aspect abîmé. Une grande barbe blonde organisée en deux tresses pendait jusqu’au dessus des cuisses, agrémentée d’une large et fière moustache. Il s’agissait d’un Nain dont les derniers reflets de la jeunesse commençaient à s’estomper.

Il était équipé d’un plastron matelassé épais ainsi que d’un assemblage de pièces métalliques éparses protégeant les jambes et les bras. Il portait également une ceinture de cuir à laquelle pendaient divers équipements : une grande bourse fermée par un fil grossier, une série de petites poches de cuir noir, une gourde bien remplie, une petite cartouchière cousue à la ceinture et une double hache à une main ancienne mais bien aiguisée glissée contre la hanche. A son dos, un grand sac de voyageur qui paraissait lourd ainsi qu’un tromblon bien entretenu. La main qui tenait la lanterne laissait apparaître de sous la cape un gant brun parsemé de coutures.

Le Nain restait immobile, de la vapeur s’échappant à un rythme régulier de sa bouche, lorsque la flamme vacilla.

Les ombres dansèrent un instant sur les parois rocheuses, jouant des scènes d’un passé lointain. Des Nains armés de pioches et de pelles se jetaient à l’assaut des murs, creusant frénétiquement des cavités comme autant de blessures dans la terre. Les éboulements succédaient aux explosions de dynamite, et les travaux d’excavation reprenaient. Laissant libre cours à leur fièvre cupide, les Nains foraient toujours plus profondément dans les flancs de la montagne, à la recherche de gisements providentiels.

Dans les flammes et la folie. C’est ainsi qu’Okorn s’imaginait la genèse de la mine. Cette époque était bien trop ancienne pour qu’il l’ait vécu, mais il était facile pour un prospecteur de son talent de déchiffrer les cicatrices de la pierre.

Okorn reprit sa démarche pesante et pénétra dans la pièce. Il circula quelques instants au milieu des stalagmites et des colonnes. Sa mémoire ne lui joua pas de tour, et il trouva ce qu’il recherchait à l’endroit que lui indiquaient ses souvenirs.

Il s’approcha d’un énorme pilier de granite qui montait là où le plafond était le plus élevé. Un trou était à moitié creusé à sa base, probablement par un mineur distrait, inconscient du risque qu’il encourait à fragiliser ce géant. Arrivé à son pied, Okorn déposa délicatement son sac sur le sol, prit une grande inspiration, puis s’agenouilla, en prenant soin de poser sa lanterne à une distance raisonnable. Il entreprit alors de défaire sa lourde charge et la disposa soigneusement autour de lui :  une imposante flasque de nitroglycérine, un détonateur arcanique et une longue mèche enroulée de sa confection.

Il ne fallut que quelques minutes, des mains rendues stables par l’expérience et un peu de sueur à Okorn pour que la bombe fut prête. Il la glissa lentement dans le trou, puis saisit sa lanterne d’une main et, tenant la mèche dans l’autre, commença à s’éloigner en évitant les flaques d’eau sur le sol.

Parcourant le chemin dans l’autre sens, il se retrouva à l’entrée de la pièce. Il balaya alors l’endroit du regard une dernière fois, et fut soudain pris d’une profonde tristesse. Un sentiment de deuil qu’il n’avait pas ressenti depuis longtemps. Sa vision s’embua de souvenirs d’une époque révolue et il se prit à penser à sa vie d’antan, à ce qu’il possédait alors, à ce qu’il avait perdu depuis.

Enfin, secouant la tête comme pour chasser ces pensées, il haussa les épaules, approcha sa lanterne et alluma la mèche.

A suivre ...
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MessageSujet: Re: Flammes et folie   Flammes et folie EmptyMar 10 Déc - 19:44

Le trajet en direction de la sortie de la mine se fit à pas plus rapides. Le chemin n’était pas rectiligne, mais sinueux, montant, descendant, virant à gauche puis à droite, indécis. Parfois il semblait se lancer dans une large boucle sur lui-même tout en grimpant. A mesure qu’il avançait, Okorn pouvait sentir l’air se réchauffer. Il entendait un bourdonnement familier résonner de plus en plus fort contre les parois tandis que des bruits irréguliers perçaient sa monotonie. Il savait que sous peu, il arriverait dans la partie exploitée de la mine. A cette idée, Okorn fronça les sourcils et son visage se fit plus sévère.

Il aperçut à quelques dizaines de pas devant lui les planches de bois qui devaient condamner la partie de la mine dans laquelle il se trouvait. Il ne lui avait fallu cependant que quelques secondes pour se glisser, lui et son équipement, derrière la planche du bas qu’il était facile de déloger. A l’approche de la lumière filtrant par les interstices entre les planches, Okorn éteignit sa lanterne. Il ne fallait pas attirer l’attention, surtout maintenant que sa tâche était presque accomplie. Un bref coup d’œil lui permit de s’assurer qu’aucun mineur ou surveillant ne se trouvait dans le petit renfoncement dans lequel il se situait, et que la voie était dégagée. Puis, de la même façon qu’à l’aller, Okorn s’extirpa de la galerie.

Le dernier tronçon avant la sortie était peu emprunté à cette heure, tous les mineurs de ce quart étant au fond de l’excavation affairés à leurs activités quotidiennes. Okorn ne croisait que quelques chariots vides guidés vers les profondeurs par des sapeurs à la mine renfrognée. Par prudence, il plaça un foulard sur le bas de son visage alors qu’un groupe de surveillants en pleine discussion animée le croisait sans lui prêter la moindre attention. Personne ne se souciait d’un Montagnard faisant sa ronde, et rien chez Okorn ne sortait de l’ordinaire, a fortiori depuis qu’il s’était débarrassé de sa lourde charge explosive.

Le fond de l’air changea à nouveau. Une brise glaciale glissa sur son visage ; il approchait de la sortie. Le tunnel s’élargissait à mesure qu’Okorn avançait puis, au détour d’un virage, elle apparut. Telle une bouche monstrueuse, bordée par une myriade de torches et de lanternes, la cavité naturelle ressemblait à la gueule d’un dragon prêt à cracher un souffle infernal. Okorn se dit avec un sourire que jamais cette image n’allait être plus vraie que cette nuit.

Le chemin s’inclina pour monter vers un imposant assemblage de bois et de métal qui permettait de grimper les derniers mètres avant la sortie. Des escaliers étaient aménagés pour les équipes de mineurs tandis que des grues permettaient de sortir les précieux chargements de minerais.

Okorn se souvint de l’époque où il commença à travailler ici. La tâche avait été comme il se l’était imaginée : difficile, dangereuse, physiquement et mentalement éprouvante, mais extrêmement gratifiante. Étudier la pierre, en déterminer les propriétés minéralogiques, analyser la topologie des grottes naturelles, diriger les activités d’excavation puis révéler les richesses incommensurables des profondeurs de la terre, c’était à cela qu’Okorn avait voué sa vie. De longues années à la guilde des mineurs lui avaient enseigné la théorie. Mais le passage à la pratique fut une révélation.

Et le faire sur les terres de son clan, dans la mine que sa famille exploitait depuis des générations, était un privilège.

Mais la pression avait été considérable. Il fallait maintenir une rentabilité élevée, extraire toujours plus, toujours plus vite et à moindre coût, quitte à négliger les consignes les plus élémentaires de sécurité. Il était nécessaire de prendre des risques, et les risques furent pris. Des galeries mal consolidées s’effondrèrent en emportant des équipes entières avec elles. Des équipements peu entretenus prirent feu, embrasant des poches de gaz qui n’avaient pas été purgées, réduisant en débris incandescents matériel, mineurs et mois de travail acharné. Le tourment de la terre était devenu celui de l’âme.

Un mélange indissociable de flammes et de folie, c’était par ces moyens que la prospérité du clan avait été assurée. Mais quand la terre est troublée, les mineurs meurent.

A suivre ...
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MessageSujet: Re: Flammes et folie   Flammes et folie EmptyJeu 12 Déc - 18:40

Dun Morogh était apaisé sous les étoiles et le regard bienveillant de la Dame Blanche. De fins nuages s’accrochaient aux cimes des montagnes alentours. Elles formaient un cirque étriqué au milieu duquel trônait la Retraite de Haufgrid, capitale historique du clan Nain Ridgedigger.

A une époque pas si lointaine et par une nuit aussi claire, la Retraite de Haufgrid, située légèrement en contrebas, aurait été un spectacle fascinant. Ses lumières étaient alors comme un phare pour le mineur exténué, promesses d’une soirée de bombance, de bonne compagnie au coin du feu et de repos. Confortablement nichée dans les reliefs méridionaux de Dun Morogh, elle n’était pas placée à proximité d’une route de commerce et manquait donc de certaines commodités dont pouvaient s’enorgueillir ses voisines. Mais ce qu’elle perdait en lustre, elle le gagnait en efficacité. On y trouvait un quartier des mineurs constitué de maison longues adaptées aux larges familles de ces travailleurs robustes, une auberge tout le temps bondée mais rigoureusement approvisionnée, une imposante forge, un atelier bien équipé qu’Okorn connaissait par cœur ainsi que des entrepôts où les minerais, une fois fondus, étaient stockés en attente du prochain convoi. Tout y avait été conçu pour favoriser la principale et unique source de richesse de la ville : la mine.

Mais aujourd’hui, la Retraite de Haufgrid n’était plus que l’écho de son ancienne gloire, à l’image du clan Ridgedigger. Plongée dans l’obscurité, ses édifices de pierre étaient désormais en grande partie inhabités. Laissées à l’abandon, des bâtisses parmi les plus fragiles s’étaient effondrées sous le poids de la neige accumulées. La forge, l’atelier et les entrepôts quant à eux étaient éventrés, comme soufflés de l’intérieur. Seule la lumière vacillante de quelques torches semblait hanter la ville à présent, sans doute des patrouilles à la recherche de vagabonds tels qu’Okorn désormais.

Toute l’activité avait été relocalisée à proximité de l’entrée de la mine, à quelques dizaines de pas de lui. Okorn se mit alors en marche et se dirigea vers l’amas de bâtiments cerclé d’une petite palissade en bois irrégulière, niché dans un petit vallon abrité du vent, que constituait le Creux-aux-Cerfs.

A l’origine un petit pavillon de chasse, il avait été transformé par le clan Shattershield lorsqu’il mit la main sur ces terres. Il avait pour but de concentrer les moyens et les ressources au plus près de l’excavation, tout en se séparant définitivement de l’héritage des Ridgedigger et de la Retraite de Haufgrid.

Il parcourut rapidement le chemin qui descendait dans l’obscurité. A mesure qu’il approchait, la lumière tremblante des braseros lui dévoilait les détails de la petite colonie, et le spectacle ne lui plaisait guère. La Tanière, l’ancien pavillon de chasse, faisait probablement office de salle commune à présent. Les mineurs étaient quant à eux logés dans des baraquements de fortune en bois peu adaptés à la rudesse du climat de la région. La nouvelle forge et l’atelier étaient accolés à l’écurie, ce qui ne lui donnait pas une haute opinion des responsables de la sécurité de ces lieux. Mais peu lui importait à vrai dire, et c’était même exactement ce qu’il recherchait.

Seule une sentinelle isolée surveillait l’entrée. Le Nain, emmitouflé dans un large manteau, était plus occupé à essayer de se réchauffer auprès d’un grand brasero qu’à surveiller le chemin. Il avait l’air assez jeune et Okorn réfléchit un instant à la meilleure façon de procéder ; il souhaitait si possible éviter une effusion de sang, mais il était résolu à accomplir son plan. Après s’être assuré d’avoir le visage bien dissimulé, Okorn approcha de la lumière des braseros.

Lorsque le garde se rendit compte de sa présence, il paniqua et fit tomber sa lance sur le sol. En la reprenant précipitamment, il la brandit en direction d’Okorn.

« Halte-là ! Qu...qui va là ? », cria le garde avec le fort accent d’Alterac. Ainsi les Shattershield avaient recours à des mercenaires ? Voilà qui était intéressant. Okorn continua d’approcher en faisant mine de ne pas avoir entendu. Le garde sembla hésiter un instant, certainement après avoir remarqué la livrée des Montagnards d’Ironforge que portait Okorn.

« Holà du calme petit ! Et par les Titans, baisse ton arme, veux-tu ? Ma solde n’est pas assez élevée pour aller me faire empaler par un jeunot pas foutu de tenir correctement sa lance ! », lança Okorn avec énergie. Il vint se tenir à côté du mercenaire, les bras tendus vers le brasero. Du coin de l’œil, il aperçut le jeune Nain se détendre un peu face à une telle démonstration d’assurance. La lance n’était plus pointée dans sa direction.

« Que faites-vous ici ? Je croyais que vous autres Montagnards deviez patrouiller de l’autre côté de la vallée, demanda le garde.

- On n’a pas le temps faire causette petit. Le Vieux m’a envoyé chercher de l’aide. Une galerie s’est effondrée sur une équipe. » Okorn savait qu’il y avait toujours quelqu’un qu’on appelait « le Vieux » dans un camp de mineur.

« Le Vieux ? Pas possible, il est de l’équipe de jour ! A moins que… vous ne parliez de Nilfstein ? » A ces mots, le garde pâlit. Okorn décida qu’il avait mis dans le mille.

« Exactement, et tu devrais te dépêcher. Il n’est pas d’humeur aujourd’hui.

- Ah… Tout de suite ! Le chef est dans la Tanière, vous pouvez passer.

- Écoute moi bien petit. Comme tu l’as dit, je suis Montagnard. La mine, c’est pas mon problème, c’est le tien, lança Okorn sur un ton menaçant. Je vais rester ici me réchauffer quelques instants et surveiller la route, pourquoi n’en profiterais-tu pas pour courir voir ton patron ? »

Le garde se retourna et partit à grandes enjambées vers l’intérieur du camp. Okorn le regarda s’éloigner puis, lorsqu’il disparut au coin d’un bâtiment, commença à se diriger vers l’écurie.

L’enclos était rempli de bêtes, des béliers et des chevaux surtout, principalement pour le trait, toutes paisiblement enfermées dans leurs box. Okorn entra sous l’abri et entreprit à libérer tous les animaux. Enfin arrivé au bout de la rangée, il s’agenouilla près d’un dépôt de fourrage et y glissa une capsule de verre pleine d’un liquide sombre, puis commença à cogner énergiquement deux petits silex l’un contre l’autre.

Le dépôt s’embrasa soudainement, surprenant Okorn qui dut reculer avec hâte pour éviter que sa barbe ne prenne feu. Le fracas effraya les bêtes qui s’élancèrent hors de leurs stalles et galopèrent vers la sortie. Pris au milieu du déluge, Okorn se réfugia dans un box laissé libre par son occupant. Les flammes grimpaient le long des poutres et commençaient à lécher la toiture de chaume. Une épaisse fumée noire envahissait l’abri, s’élevant vers les soupiraux.

Okorn était effaré par le spectacle, par sa brutalité et le chaos qui en émanait, par les hennissements et blatèrements frénétiques, par le grondement du brasier et les couleurs chatoyantes. Tétanisé par un mélange de peur et de stupéfaction, il ne pouvait se résoudre à bouger. Progressivement, l’idée de rester là, de se laisser périr par l’incendie qu’il avait lui-même créé, lui vint. Elle était élégante, presque évidente. Et alors, il se rappela. Des souvenirs se reflétaient sur les parois de l’écurie : des souvenirs de flammes et de folie.

A suivre ...
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MessageSujet: Re: Flammes et folie   Flammes et folie EmptyMar 17 Déc - 20:30

La vallée résonnait des bruits de l’agitation derrière Okorn. Plusieurs cloches sonnaient, de Creux-aux-Cerfs jusqu’à l’entrée de la mine. Des lumières, parfois isolées, parfois en groupe, se déplaçaient massivement de la mine vers la colonie. Cette dernière était illuminée par un gigantesque incendie, tandis qu’une fumée épaisse s’élevait dans le ciel calme.

Okorn suivait le chemin qui grimpait vers la Retraite de Haufgrid. Il avait eu les plus grandes difficultés à se convaincre de sortir de l’écurie. Mais, plongé dans ses pensées, bloqué au milieu des flammes, son heure n’était pas venue. Il n’avait pas eu le loisir de laisser sa lâcheté prendre le dessus, pas tant que son plan restait à accomplir et que la mémoire des Ridgedigger n’avait pas été vengée.

Son salut était survenu lorsqu’une partie du toit s’effondra, entraînant une poutre qui vint s’écraser contre le mur de l’écurie, à quelques pouces de sa tête, creusant un trou par lequel il put s’échapper. Il parvint à quitter l’enceinte du camp à grandes enjambées avant que l’alerte ne fut donnée puis s’était élancé sur la route de la Retraite de Haufgrid.

La ville n’était plus très loin devant lui. Il ne lui restait que peu de temps avant que sa charge ne détonna, et il espérait que tous les mineurs avaient eu le temps de sortir, appelés pour lutter contre l’incendie à l’extérieur de la mine. Cette diversion créée, son plan était à présent de se cacher à Haufgrid, dans une cave abandonnée qu’il avait patiemment rempli de réserves de nourriture, le temps que les recherches d’un saboteur, qui auraient inévitablement lieu, soient terminées. L’accès à la vallée était facilement contrôlable, donc il ne pouvait songer à la quitter pendant les jours qui suivraient. Il était aussi confiant que personne n’irait fouiller le bâtiment en ruine qu’il avait sélectionné, et pour s’en assurer, il avait convenablement dissimulé l’entrée de sa cachette.

Il avançait au pas de course, lorsqu’une forme familière dans l’obscurité attira son regard. Non loin de lui, surplombant la route et la vallée derrière, légèrement reculé dans sa petite combe aux pieds des pentes escarpées, se trouvait le manoir des Ridgedigger.

Okorn avait eu l’esprit tellement occupé par son plan qu’il avait oublié qu’en parcourant cette route, il était assuré de passer devant la bâtisse de son enfance et d’une bonne partie de sa jeunesse, ce qui était une durée conséquente pour un Nain. L’endroit était évidemment chargé en souvenirs pour lui, et il ne pouvait se permettre de se laisser déconcentrer, mais l’envie de s’y replonger surpassait sa raison, et il ne put s’empêcher de bifurquer afin de prendre le sentier qui quittait la route en direction du manoir.

Le chemin serpentait entre les sapins enneigés, partant en virages serrés pour grimper sur la combe, avant d’entrer dans la cour bordée par un mur de pierre bas. Le bâtiment paraissait intact de l’extérieur, et Okorn se prit à en contempler l’entrée majestueuse avec fierté, seule partie visible hors de la montagne.

Mandoran Bronzebeard en personne avait accordé ces terres ainsi que le droit de fonder un clan à son arrière-grand-père, le vénéré Harald Ridgedigger, à l’issue de la Guerre des Trois Marteaux, pour des actes de bravoures face à l’ennemi dont les Ridgedigger s’enorgueillissaient souvent. Il était alors lui-même issu d’une branche cadette du clan Shattershield, puissante famille de Nains roués lorsqu’il s’agissait de politique et qui avaient leurs entrées auprès des Bronzebeard. Afin d’obtenir leur accord pour qu’un de leurs membres aille s’établir à son compte, il fut décidé que le clan naissant leur serait affilié.

Cette affiliation avait assuré une relative indépendance dans la conduite des affaires du clan Ridgedigger, tout en ne lui imposant quasiment aucune obligation. En contrepartie, le clan cadet devait être entièrement représenté au tout nouveau sénat d’Ironforge par son aîné, ce qui donnait à ce dernier une mainmise considérable sur les décisions stratégiques du premier. Ce sacrifice de souveraineté, en apparence bénéfique car il permettait aux Ridgedigger de profiter du réseau d’influence des Shattershield, avait eu de bien sinistres implications.

Cependant, une excellente surprise avait attendu Harald sur ses nouvelles terres, qui s’avérèrent posséder de grandes richesses minérales, ce qui ne manqua pas d’attirer les convoitises, notamment du clan Shattershield.

La construction du manoir débuta dès que les exploitations minières devinrent particulièrement rentables, sous la direction de la grand-mère d’Okorn, Fridka Ridgedigger, une très bonne administratrice qui participa grandement à l’essor économique du jeune clan. Elle souhaita en faire un symbole de la prospérité de la famille, et le dota de nombreuses fioritures architecturales : tout en pierre, son entrée était précédée d’un large perron surmonté d’un porche massif haut soutenu par quatre imposantes colonnes à cannelures rudentées. L’intérieur, creusé dans la montagne, était encore plus impressionnant : l’entrée donnait sur une salle principale immense au fond de laquelle deux volées d’escalier permettaient d’accéder au premier et seul étage. Un balcon orné d’une balustrade surplombait la salle et en faisait le contour. Celle-ci était constamment éclairée par un feu en son centre, dont les fumées étaient évacuées grâce à un ingénieux système de cheminées.

Dans ses souvenirs, les réceptions y étaient grandioses, tout y coulait à flots et en abondance : des bières au malt amère de brasseries renommées de Dun Morogh aux liqueurs délicates des royaumes humains. La nourriture n’y était évidemment pas en reste : des mets exquis étaient importés de tout Khaz Modan pour satisfaire les invités exigeants, principalement des notables d’Ironforge.

Mais aujourd’hui, seuls restaient les souvenirs, car l’entrée s’était effondrée une nuit de flammes et de folie.

A suivre ...
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MessageSujet: Re: Flammes et folie   Flammes et folie EmptyMer 5 Fév - 21:32

Sibli Whitehearth n’était pas un Nain particulièrement lâche, ni même particulièrement courageux. Il se considérait dans la moyenne de ce que les montagnes d’Alterac produisaient comme jeune Nain désireux d’aventures. Il ne lui manquait que l’expérience du combat pour mériter le respect de ses pairs. Et l’expérience, il avait pensé la trouver en s’engageant dans cette compagnie de mercenaires, les Voltigeurs des Tourbières, qui se targuaient de proposer les meilleurs contrats de tous les Royaumes de l’Est.

Lorsqu’il avait appris que deux de leurs recruteurs, deux humains loqueteux, étaient de passage à son village, il s’était d’abord méfié d’eux. Il avait donc décidé de les observer à l’écart et les avait suivi jusqu’à la taverne. Leurs misérables tentatives pour embaucher les guerriers de passage n’avaient convaincu personne, Sibli y compris. Leurs manières rustres, leur langage grossier, même leur accoutrement les faisaient passer pour des vauriens, bien loin de l’idée qu’il avait d’une compagnie de mercenaires prospère. Sans mentionner leur tabard délavé, qui devait à l’origine représenter deux épées s’entrechoquant au-dessus d’une flammèche ou d’un feu follet, mais qui ressemblait à présent à deux gros poireaux survolant une espèce de théière boursouflée. L’idée était tordante de rire, mais les deux hommes portaient leurs couleurs avec une fierté insolente, comme un défi lancé à quiconque oserait s’en moquer.

Malgré tout, l’occasion était trop belle. Il avait toujours voulu quitter ce trou perdu, et les recruteurs qui s’aventuraient jusque là étaient rares. Il se savait fin prêt à quitter sa vie paysanne, et même si sa famille ne l’accepterait pas, il devait partir s’il voulait un jour rejoindre la garde Stormpike, comme il le rêvait secrètement.

Il s’était donc finalement décidé à approcher les deux mercenaires, alors que l’aube pointait le bout de son nez et que la taverne avait retrouvé sa quiétude. Ils l’avaient d’abord tancé, débordant de mépris pour ce petit bouseux qui avaient des idées d’aventure. Mais derrière leur posture, Sibli savait qu’ils ne refuseraient pas sa candidature. Mieux que ça, un jeune Nain volontaire, en bonne santé, et qui savait faire la différence entre sa gauche et sa droite, représentait une recrue inespérée.

Quand il était rentré chez lui au petit matin, ses parents s’étaient énervés, ses sœurs avaient pleuré, ses frères l’avaient toisé alors qu’il rassemblait quelques effets personnels. Les adieux avaient été très douloureux et il n’avait pu partir sans accepter les accolades, les embrassades, et une amulette que ses sœurs avaient confectionné dans l’urgence.

Et c’était ainsi qu’il avait rejoint les Voltigeurs des Tourbières, équipé d’une lance qui lui avait coûté toutes ses économies, et décoré sur le buste de ses deux poireaux et de leur fidèle théière. Il s’était enfin élancé vers son destin.

Mais celui-ci avait souvent une curieuse façon de ne pas se montrer à la hauteur des espérances. Et au lieu d’une épopée héroïque qu’il aurait pu raconter à sa descendance, qu’il souhaitait nombreuse, il s’était retrouvé à faire le planton devant une mine, par un froid mordant dont seule Dun Morogh avait le secret, et avec pour principale mission d’empêcher les mineurs de dérober le fruit de leur travail, le tout pour un clan Nain réputé détestable dans tout Khaz Modan. C’était affreusement ennuyant, ingrat, mal payé, il s’était fait plus d’ennemis que d’amis et il n’apprenait absolument rien, si ce n’était à se désespérer de ses congénères.

La nuit s’était annoncée parfaitement semblable à toutes les autres. Sibli s’était attendu à rester à côté de son brasero pendant de longues heures. Lorsque cet étrange Montagnard était arrivé. Sibli avait été surpris car il était inhabituel que les Montagnards se mêlassent des activités de la mine. Cependant il avait été également enclin à lui obéir car la situation qu’il lui avait décrite semblait nécessiter une réaction rapide ; une équipe piégée sous terre ne tiendrait pas longtemps sans l’arrivée des secours. Mais alors qu’il avait quitté son poste pour alerter la Tanière de ce qui était arrivé, une intuition lui était venue. Si un drame était réellement arrivé, les cloches d’alarme se seraient mises à sonner. Or rien ne semblait troubler le silence imperturbable de la nuit. Lui avait-on joué un tour ? Était-ce encore un coup de Straussman et sa bande qui étaient sur son dos depuis son arrivée à la mine ? C’en était trop et cette fois il ne se laisserait pas faire. Sibli fit demi-tour et se mit à courir aussi vite que possible.

Lorsqu’il retourna à son poste à l’entrée du camp, le Montagnard avait disparu. Des traces de pas dans la neige fraîche, qui n’étaient pas là avant, s’éloignaient en direction de l’écurie. Alors que Sibli réfléchissait à ce qu’il devait faire, un bruit assourdissant tel une détonation, lui parvint de là où la trace de pas disparaissait dans l’obscurité, qui n’était plus. Une lumière vive et orangée illuminait le ciel et les bâtiments environnant, se réfléchissant sur le verglas, accompagnée d’une vague de chaleur. Avant qu’il ne put réagir, un bélier le dépassa au grand galop, manquant le renverser s’il ne s’était pas rapidement écarté.

Sibli quitta à nouveau son poste pour se diriger vers la source de ce chaos, alors que d’autres personnes commençaient à sortir des bâtiments, l’air confus et partiellement éveillé. Le spectacle qu’il découvrit à son arrivée à l’écurie était ahurissant. De grandes flammes s’échappaient de sa toiture et montaient très haut dans le ciel, lançant des braises écarlates alentours. Les animaux qui avaient pu fuir les étables par la port grande ouverte paniquaient tandis que des gardes essayaient de les calmer. Un bourdonnement furieux emplissait l’air.

Un chaîne commençait à s’établir pour amener des seaux d’eau depuis le puits au centre du campement. L’entreprise paraissait parfaitement futile et inadaptée, mais il était crucial de maîtriser ce feu avant qu’il ne se propageât. Les cloches d’alarme s’étaient enfin mises à sonner, d’ici jusqu’à la mine, et déjà des mineurs arrivaient au pas de course.

Dans l’agitation, Sibli faillit ne pas apercevoir la silhouette furtive s’éloigner de la fournaise. Elle différait des autres par son détachement vis-à-vis des événements et la fluidité de ses mouvements, ce qu’il trouva tout de suite suspect. Mais il n’avait pas le temps d’y penser, il se devait de prêter main forte aux équipes qui tentaient de contrôler l’incendie. Il se tournait vers le puits afin de saisir un seau, lorsqu’il reconnut, au bout du bras qui le lui tendait fermement, le Vieux Nilfstein.

Le seau se renversa par terre lorsque Sibli le lâcha. Déjà il s’éloignait en courant, à la poursuite d’une ombre, au milieu du chaos de flammes et de folie.

A suivre ...
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